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Le Qi, ou l’énergie vitale : mythe ou réalité mesurable ?

  • Photo du rédacteur: Dr Alain SUPPINI
    Dr Alain SUPPINI
  • 5 oct.
  • 4 min de lecture
Le Qi, principe fondateur de la médecine traditionnelle chinoise, est-il une métaphore poétique ou une réalité mesurable ? Entre neurosciences, biophysique et philosophie du vivant, explorons ce concept millénaire à la lumière des recherches contemporaines.
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Introduction : le souffle du vivant


Peut-on vraiment mesurer ce que les anciens appelaient le souffle de la vie ?Depuis plus de deux mille ans, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) repose sur une idée centrale : le Qi (氣), souvent traduit par “énergie vitale”, circule dans le corps comme un courant invisible. Lorsqu’il est fluide, la santé s’installe ; lorsqu’il se bloque, la maladie apparaît.

Mais à l’ère des IRM fonctionnelles et de la biologie moléculaire, une question divise chercheurs et praticiens :

Le Qi est-il une construction symbolique, ou bien une réalité physiologique encore mal comprise ?

1. Le Qi, un concept dynamique avant d’être une substance


Dans la pensée médicale chinoise, le Qi n’est pas une “énergie” au sens de la physique occidentale. Il représente un principe dynamique, en perpétuel mouvement, reliant la matière, le souffle et la conscience.

Chaque fonction corporelle est associée à une forme spécifique de Qi :

  • Le Qi du Foie assure la libre circulation de l’énergie et des émotions ;

  • Le Qi du Cœur gouverne le sang et l’esprit ;

  • Le Qi de la Rate transforme les aliments en vitalité ;

  • Le Qi des Reins conserve l’essence vitale (jing).

Cette conception systémique du vivant, issue du Huangdi Neijing (Classique de l’Empereur Jaune, v. IIIe siècle av. J.-C.), repose sur un principe clé :

"Là où le Qi circule, il n’y a pas de douleur. Là où il stagne, la douleur apparaît."

Le Qi n’est donc pas une entité à mesurer, mais un langage du mouvement et de l’équilibre.


2. Le Qi à l’épreuve de la science contemporaine


Depuis la seconde moitié du XXᵉ siècle, plusieurs chercheurs tentent d’objectiver le Qi à travers des approches scientifiques. Les résultats, bien que controversés, ouvrent des pistes fascinantes.


- En neurophysiologie : la régulation du système nerveux autonome


Des études sur la pratique du Qi Gong et du Tai Chi ont mis en évidence une augmentation de la cohérence cardiaque, une diminution du cortisol (hormone du stress) et une stimulation du nerf vague.

Ces effets traduisent une régulation fine du système nerveux autonome, corrélée à une sensation de calme et de vitalité.

[Tang et al., “Central and autonomic nervous system interaction is altered by short-term meditation”, PNAS, 2009.]


- En imagerie cérébrale : modulation des réseaux de la douleur


Les IRM fonctionnelles (IRMf) ont montré que l’acupuncture active ou inhibe certaines zones cérébrales liées à la douleur (insula, cortex cingulaire antérieur, tronc cérébral).

Dhond et al., “Acupuncture modulates the limbic system and subcortical gray structures of the human brain”, Human Brain Mapping, 2007.]


- En biophysique : les méridiens comme zones électroactives


Des expériences menées depuis les années 1990 suggèrent que les points d’acupuncture présentent une résistance électrique plus faible et une conductivité ionique plus élevée que les zones adjacentes.

Des émissions infrarouges faibles ont également été observées le long de certains trajets énergétiques.

[Zhang et al., "Infrared radiant tracks along acupuncture meridians", American Journal of Chinese Medicine, 1992.]

Ces observations ne prouvent pas que le Qi soit “mesurable” comme un champ d’énergie distinct, mais elles indiquent que les structures décrites par la MTC coïncident avec des phénomènes bioélectriques et neurophysiologiques réels.


3. Une question de paradigme : la science peut-elle tout mesurer ?


La difficulté à démontrer l’existence du Qi ne vient peut-être pas de son absence, mais du changement de cadre conceptuel qu’il impose. La science occidentale isole et mesure ; la pensée chinoise relie et observe.

“Chercher le Qi avec les outils de la physique moderne, c’est tenter de peser le vent.”

Pour les physiciens et biologistes systémiques, le Qi pourrait être une métaphore opérante d’un ensemble de processus interconnectés : flux électromagnétiques, gradients ioniques, circulation des fluides, synchronisation neurovégétative.

Les approches émergentes de la biologie des champs (Sheldrake, 2020) ou de la médecine intégrative (Kaptchuk, 2000) tentent d’articuler ces modèles sans réduire le phénomène à un seul mécanisme.


4. Le Qi au quotidien : une expérience avant tout


Qu’on le considère comme énergie subtile ou métaphore du vivant, le Qi reste avant tout une expérience vécue.

Les pratiquants de Qi Gong, de méditation ou d’arts martiaux décrivent souvent une sensation de flux, de chaleur, de densité ou de vibration interne — ce que la physiologie moderne interprète comme des modifications de la proprioception et du tonus musculaire.

Mais cette sensation n’en est pas moins réelle. Elle traduit un état de conscience corporelle élargie, où l’on perçoit l’unité du corps, du souffle et de l’esprit — une notion que les neurosciences contemplatives (Lutz & Davidson, 2019) commencent à reconnaître comme essentielle à la régulation émotionnelle et à la santé mentale.


Conclusion : mesurer le vent, ou apprendre à l’écouter ?


Alors, le Qi : mythe ou réalité mesurable ? Ni l’un, ni l’autre — ou peut-être les deux. Le Qi n’est pas une substance qu’on capture, mais une dynamique du vivant. Un rappel que la santé ne se réduit pas à l’absence de symptômes, mais à un état d’harmonie entre mouvement, perception et souffle intérieur.

Tant que la science cherchera à quantifier le Qi, elle oubliera peut-être l’essentiel : comprendre, c’est aussi ressentir.



Références:

  1. Kaptchuk, T.J. – The Web That Has No Weaver: Understanding Chinese Medicine. McGraw-Hill, 2000.

  2. Huangdi Neijing – Le Classique de l’Empereur Jaune, texte fondateur de la MTC (trad. P. Huard & M. Wong).

  3. Tang, Y.Y. et al. – “Central and autonomic nervous system interaction is altered by short-term meditation”, PNAS, 2009.

  4. Dhond, R.P. et al. – “Acupuncture modulates the limbic system and subcortical gray structures”, Human Brain Mapping, 2007.

  5. Zhang, W.B. et al. – “Infrared radiant tracks along acupuncture meridians”, American Journal of Chinese Medicine, 1992.

  6. Lutz, A. & Davidson, R.J. – “The neuroscience of mindfulness and meditation”, Nature Reviews Neuroscience, 2019.

  7. Sheldrake, R. – Morphic Resonance: The Nature of Formative Causation, Park Street Press, 2020.

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